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 Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga]

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MessageSujet: Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga]   Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga] I_icon_minitimeVen 28 Déc - 20:51





Rocio n'aimait pas ce quartier.
En général, il n'y croisait que des jeunes aux dégaines, sinon louches, au moins fort déplaisantes pour sa mentalité de septuagénaire. Des cheveux et des yeux de toutes les couleurs et des tenues de tous les styles possibles et imaginables. Du moins, pour sa petite imagination très peu fertile en la matière. A chaque fois qu'il passait par ici, il se sentait déplacé. Il avait rarement quelque chose à faire dans ce coin de la ville et craignait toujours qu'un inconnu s'arrête dans la rue pour lui en faire le reproche. Non, ce n'était pas de la paranoïa, il était sûr qu'on le regardait bizarrement. En dehors de toutes les conneries qu'il se racontait, il est vrai que la population du quartier était plutôt jeune et l'arborait fièrement, mais on trouvait également des retraités et des personnes d'âge moyen avec leur gentille famille, seulement, comme qu'on dit, y'a pas pire aveugle que celui qui veut pas voir, et Rocio ne voulait visiblement pas. En fait, la seule chose qu'il voulait en ce moment, c'était faire sa course et rentrer le plus rapidement possible, sans que personne ne le reconnaisse ni ne l'arrête. Passer au plus vite dans ce lieu de malheur qu'était un...
Non, il ne formulerait même pas ce mot honteux dans son esprit.
Il ne devait pas hésiter devant la porte de la boutique, sinon il aurait l'air de quelqu'un qui avait quelque chose sur la conscience et tout le monde comprendrait ce qu'il était venu faire dans cette rue. Et en même temps, si quelqu'un le voyait entrer là dedans sans une once d'hésitation, son image serait ruinée et il ne pourrait en aucun cas se justifier. Mais il devait le faire. Pour sa propre sécurité. Pour sauver son honneur. Quelle ironie ! Entrer dans un lieu pareil pour sauver les apparences. C'aurait été encore pire de s'arrêter dans la rue. Vraiment pire. C'était pas planqué ces trucs, même en passant en voiture, quelqu'un de son immeuble aurait pu le voir trifouillant l'immonde machine. Un frisson de dégoût lui parcouru l'échine quand il songea au type de personnes qui devait utiliser lesdites machines. Avec leurs mains. Et Dieu seul savait où elles traînaient, leurs mains. Enfin, lui aussi le savait, mais il ne voulait pas y penser, sinon il allait se taper un état gênant dans un endroit gênant dans des circonstances gênantes.

C'est donc avec une semi-hésitation très calculée qu'il pénétra dans la boutique aux vitrines éloquentes. Aucun doute possible sur ce que l'on y trouvait, et cela l'avait toujours intimidé. Il déglutit difficilement une fois à l'intérieur. C'était encore pire que vu de l'extérieur. Étrange n'est-ce pas ? L'ambiance sombre et la lumière tamisée n'étaient pas pour le mettre en confiance et seul le sourire colgate de la vendeuse derrière le comptoir s'apparentait à une image amicale (et inoffensive) dans cet univers hostile. Doux Jésus...Mais que foutait-il là ? Il le savait très bien, évidemment, mais ce qui lui était apparu comme la solution la plus salutaire lui semblait maintenant la pire qu'il ait jamais envisagée.
Et il n'était pas loin de la vérité.
Qu'est-ce qui lui avait prit de vouloir se rendre dans un endroit pareil pour acheter...un paquet de capotes ?! En plus, maintenant qu'il se trouvait là, cet achat qui lui avait paru honteux semblait le plus innocent du monde au milieu de tous ces...produits...dont la simple vue lui faisait monter le sang aux joues. Et ailleurs. Il aurait pu aller n'importe où ailleurs. Son choix paraissait complètement irraisonné mais...Il inspira un grand coup en fermant les yeux pour ne pas laisser ses pensées dériver vers d'autres idées plus douteuses causées par le lieu où il se trouvait et ce qu'il y voyait. La solution la plus simple aurait été de descendre à la pharmacie pour en acheter, comme un citoyen lambda qui ne ferait que passer par là. Mais non, il ne pouvait pas, car il ne faisait pas que passer, il vivait dans un quartier de vieux, et ces vieux avaient tous une carte de fidélité pharmacie et s'y rendaient quasiment tous les jours. Déjà que ça émoustillait les vieilles de l'immeuble de le voir sortir ses poubelles -oui, il le faisait maintenant qu'il vivait avec un tueur à gages maniaque- si cette commère de pharmacienne commençait à raconter qu'il venait acheter des préservatifs, il les aurait l'oreille collée à sa porte tous les soirs. En toute franchise, cela ne l'emballait que très moyennement. D'autant plus qu'à la prochaine visite de ses parents, personne ne le louperait. Mariko lui poserait 67697743 questions à propos de sa petite amie présumée, Nadeshiko lui cracherait son gracieux venin encore une fois "Alors ça y est, t'es plus puceau GRAND frère ?" quand à Hanabi et à ses parents......Seigneur, il ne voulait même pas y penser. Alors il aurait pu s'arrêter à un distributeur automatique, mais il fallait toucher le truc là, cette espèce de manivelle bidon sur laquelle il était certain de récolter tous les appétissants sucs de ceux qui venaient acheter leurs capotes dans...l'urgence dirons-nous.
Sinon, il aurait pu en demander à un pote, hein, mais comme il n'en avait pas c'était...problématique. Que sa vie était triste. Quant à en demander à Aacaeleb...


_Vous avez besoin d'aide, monsieur ?

Son éclatant sourire toujours placardé sur son visage comme une facture impayée sur un frigo -c'est à dire pour un long moment encore- l'aimable vendeuse le dévisageait avec scepticisme. Ce semblant d'expression était perceptible à ses sourcils légèrement froncés qui juraient plutôt violemment avec son sourire figé, lui donnant l'apparence d'une poupée Barbie se livrant à un intense exercice de réflexion.

_Je...je...En fait, je voudrais...au moins savoir, en fait, si vous n'en avez pas, ce n'est pas...grave...

Il entortillait ses doigts autour des franges de son écharpe comme une midinette. Nul doute qu'il devait être pitoyable à regarder, comme un gamin de dix ans qui découvre un magazine porno dans la chambre de son grand frère. Sauf que lui n'était pas sensé avoir dix ans, et pourtant il était bafouillant, triturant ses vêtements comme si il pouvait en sortir une bouée de sauvetage ou une quelconque phrase intelligente et intelligible. Il n'en sortait rien évidemment, mais cela ne l'empêchait pas de jouer avec ses boutons ou ses poches en se mordillant les lèvres, ses lèvres gercées, sans arriver à énoncer sa demande. C'était ridicule, mais il ne pouvait pas fuir en courant. Non seulement il n'aurait réellement plus eu la moindre once de dignité, mais en plus, il n'aurait même pas eu obtenir ce qu'il était venu chercher. Cela aurait bien été la peine de se donner tout ce mal ! Non, il devait au moins essayer. Il était arrivé jusque là après tout, il pouvait bien franchir le dernier pas.

_Est-ce que vous des...simples, hein...préserv

Sa dernière phrase fut étouffée par le bruit de la porte qui s'ouvrait. Si il avait eu une arme ou un quelqu'un objet potentiellement mortel, il aurait mis fin à ses jours dans l'instant. Ce n'était pas possible. Pas ça, et surtout, pas lui.

_Vous...?! Mais qu'est ce que..qu'est ce que vous....faites ici ?
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MessageSujet: Re: Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga]   Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga] I_icon_minitimeDim 30 Déc - 12:27

Adultes.
Une journée terminée.

Aujourd'hui, il avait été question d'une personne âgée. C'était délicat, mais assez peu émouvant dans l'ensemble. Elle avait vécu. Elle avait pu sentir la terre se mouvoir sous ses pieds pendant plus de quatre-vingt dix ans. Une durée respectable. Tout à fait dans la norme japonaise. Sa famille pleurait qu'elle était alerte, éveillée, et ce malgré son âge. À peine sourde. Elle avait toute sa tête. Certes, elle aurait pu se réveiller de nombreux matins encore, la faute à un escalier un peu trop raide, mais elle avait pris le temps de savourer ce qu'était la vie. C'était d'ors et déjà fini pour elle. Elle avait fait ce qu'elle avait à faire. Les Anciens pouvaient l'accueillir sans trop de regrets, et elle pouvait s'avouer coriace d'avoir tenu le coup jusque là.
Certains n'ont pas cette chance.
Il y a quelques jours à peine, il avait vu arriver un enfant. Un enfant.

Ce n'est pas à la portée de tout le monde. Une activité très commune, nécessaire maintenant que l'homme a prit pour habitude de ne plus cacher les corps dans des fosses communes. Cela reste difficile. On pourrait se dire que, comme ça, ce n'est rien. Juste un corps. Juste la chair. Avant, cette chair bougeait. Avant, elle parlait. Riait. Pleurait. L'activité est morbide. Considérée comme peu élégante, sordide, glauque. C'est faux. Les corps ont toujours eu besoin que l'on prenne soin d'eux. Avant chez l'esthéticienne, maintenant entre les doigts de fées de ceux qui savent que tout le monde en aura besoin un jour. C'est un beau métier. C'est une belle chose que de prendre soin des autres.
Mais il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas. Avoir à s'occuper d'enfants. Tout, mais pas les enfants. Pas eux.

C'était terrifiant. Terrifiant de les voir, inertes, face à lui. Terrifiant de se dire qu'il fallait les ouvrir et que cela ne pourrait en aucun cas leur sauver la vie parce que là n'est pas son rôle. Il n'y a plus rien à faire, quelque part. C'est fini d'un certain point de vue. Ça ne fait que commencer depuis le sien. Il n'aurait jamais pu être pompier. Ni chirurgien. Encore moins anesthésiste. Leurs retards, manques de coordination, erreurs, tout est fatal. Tout est sans retour. Il ne jouait pas avec la vie, préférant de loin côtoyer discrètement la mort. Sa compagnie silencieuse était peu rassurante, c'était certain. Mais elle était bien plus forte, résistante, durable. Moins fragile. Encline à encaisser. Ses patients ne risquaient plus rien. Il se contentait de les rendre beaux. Le plus longtemps possible.
Ils étaient plutôt complices, elle et lui. Un joli couple, amour platonique pur. Elle est calme. Sereine. Très simple. Il redoutait mille fois plus le monde des esprits. L'univers de ceux qui n'ont pas de patrie. Le monde auquel elle appartenait.
Elle était de partout. Toujours. Affreux. À le caresser. À chercher ses doigts tremblantes. À baiser ces mains curatrices pourtant assassines. L'ôter et l'offrir. Poursuivi. Il fallait qu'il rentre. Tout de suite. Elle était là. Juste à côté de lui. Derrière. Elle le suivait. Le pistait. Il fallait quelqu'un. Rocio ne sortait presque jamais. Rentrer. Il fallait rentrer, et l'oubli...

Elle.
Juste là. Devant lui.

Elle était en plastique. Les même cheveux écorce, la même peau basanée. Les les fines, les yeux de jade en amande. En sous-vêtements. Porte-jarretelle et bas de charme. Une poitrine trop voluptueuse, trop ferme. Elle était simplement en plastique. On pouvait l'habiller à notre guise. La vulgaire fente entre ses cuisses accueillant ceux qui désiraient l'étreindre sans restriction d'aucune sorte. Elle était notre poupée. On en faisait ce qu'on voulait.
Non. Non, non, non, non.

Il entra sans réfléchir un seul instant. Il devait la faire disparaître. Elle était sienne, et c'est tout. Si seulement elle devait appartenir à quelqu'un, elle ne serait ni à la vie, ni à la mort, ni à une quelconque industrie plasticienne. Elle serait à lui. Rien qu'à lui. Son fantôme privé. Personnel.
Elle se cacha derrière son épaule, il y avait d'autres coeurs battants. Dont un, pour qui le voir fut synonyme d'infarctus.
Rocio. Ici.
Préserv. Il n'était pas là pour elle. Maudit Dieu sois-tu loué pour cet acte bienveillant.
Il lui parle. Pa de réaction vocale. Juste, ses mains, qui viennent jusqu'à ses yeux. C'était un acte particulièrement instinctif, ridicule, et surtout inutile. Si on ne pouvait voir son visage, le reste du corps trahissait amplement l'identité du nouveau venu dans cet enfer. Qu'à cela ne tienne. Il ne bouge pas. Remet ses idées en ordre, essaye de trouver quoi faire. Ce qu'il pourrait faire. La vendeuse. Oui, partons là-dessus.

Il reprit contenance, se tint bien droit. Encore plus impressionnant. Un pas rapide, pressé, en direction de la jeune femme. Elle aurait tout aussi bien pu être une amie de Rocio, voir une amie intime, qu'importe. Elle était là, il n'y avait personne d'autre. Et puis si Rocio recevait de la visite, il aurait été au courant. Des signes ne trompaient pas.
Rocio. Rocio qui était un obstacle sur son parcours. Poliment, il déposa la paume de sa main sur son épaule, l'écarta soigneusement. Se tourna vers la vendeuse. Le plus sérieusement du monde.

- J'achète toutes les poupées gonflables comme celle-ci que vous avez. Maintenant.

Il la désigna d'un coup de tête. Une voix dure et implacable. Pas de discussion possible, la jeune femme l'a très bien compris. Sans demander son reste, elle va décrocher celle qui est en exposition dans la vitrine, puis court dans les rayons, puis à l'arrière du magasin. Une bonne chose de faite.
Il avait fait une faute dans le terme utilisé pour la désigner, cela ne l'avait pas empêché d'être reçu cinq sur cinq, tant mieux. Rocio le regardait avec des yeux ronds. Tant pis. Il se mit à marcher. Déambuler entre les rayons sans trop savoir quoi faire en attendant. Il n'est certainement même pas conscient de ce qu'il vient de faire. Il veut juste la faire disparaître. Une honte. La tête dans les mains. Une honte.
Lorsqu'elle réapparut, il s'approcha nerveusement de la caisse. Frotta son nez avec sa manche, sortit de sa poche son portefeuille, et tout le liquide qu'il avait sur lui. Une somme importante. Visiblement pas suffisante aux yeux de la note. De pas beaucoup. À peine une cinquantaine de yens. Il essayait de compter sans y parvenir. Les nombres n'étaient pas ses amis, et calculer son prix à elle n'était pas une mince affaire. Elle n'avait pas de prix.
Pas de solution. Pas le temps de trouver un distributeur, pas de chéquier, même, il n'avait pas sa carte sur lui, il ne pouvait pas retirer. Et merde.
Regard perdu qui s'échoue dans celui du seul vis-à-vis possible. Un homme bilingue.

- ¿ ... Podrías... Podría anticiparme el dinero...? Lo suplico...

Il en avait besoin. La demande était étrange. Mais il en avait besoin.
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MessageSujet: Re: Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga]   Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga] I_icon_minitimeMar 8 Jan - 21:55





Non, pas lui.
Pourquoi ? Quel kami avait-il bien pu offenser pour avoir autant la poisse ces derniers temps ? C'était parce qu'il était catholique ? Il le jurait, il y irait porter une offrande au temple d'Amaterasu ce week-end si il n'y avait que ça, il n'était pas très pratiquant, ce n'était pas grave, hein ? De toutes façons, il ne croyait pas vraiment en Dieu, il était juste persuadé qu'il y avait une puissance là haut qui aimait se foutre de sa gueule, ça le rassurait de se dire qu'il était une victime et pas un coupable lorsqu'une merde lui tombait sur le coin de la gueule. Là en l'occurrence, c'était l'arrivée du dernier type qu'il aurait voulu rencontrer, et surtout pas dans...un endroit comme celui ci. Il ne s'était jamais intéressé aux kamis mais il était persuadé qu'il y en avait un pour les ennuis liés à la trop grande proximité avec les étrangers et que ce même kami c'était penché au dessus de son berceau à sa naissance pour le bénir et lui souhaitait plein de voeux de bonheur. Merci à lui. Et merci aussi à celui du manque de sécurité dans les centrales nucléaires japonaises, il doit pas chômer celui-là.
Connard.
Il avait une technique pour ce genre de situations gênantes: faire la planche. Raide comme un piquet, le visage impassible, il ne bougea pas quand son colocataire posa sa grande main sur son épaule. En temps normal, il se serait écarté comme si il l'avait brûlé par son contact, mais il ne broncha pas d'un centimètre, concentrant toute son attention pour dissocier complètement son corps de son esprit. Peu importe ce qui se passait autour de lui, il n'était pas là, c'est tout, il n'avait rien à voir avec le Rocio Katsuo présent dans ce sex shop, il était à des milliers de kilomètres de là, seul, bien en sécurité dans son monde imaginaire sans préservatifs et sans Aacaeleb, en train de faire les boutiques avec Mariko. Voilà, c'était ça, il faisait beau, c'était l'été, et elle souriait, en agitant ses poches multicolores dans tous les sens. Il avait toujours de quoi lui faire des cadeaux, il dépensait très peu dans l'année, et à chaque fois qu'ils se voyaient, qu'il rentrait à la maison, il l'amenait faire les boutiques.
Parce qu'ils n'avaient pas tant à se dire que cela en fin de compte. Il achetait son après midi parfaite dans une famille parfaite. Il l'aimait. Il l'adorait. Mais il ne pouvait pas lui parler. Quel grand frère aurait-il fait à pleurer sur son épaule alors que c'est lui qui devait être là pour elle ? Il ne pouvait pas, ne voulait pas, se confier à elle. Il lui payait un petit restau, de jolies robes et une après-midi au zoo ou au parc d'attraction ou n'importe où elle voulait aller. Il se payait le luxe d'être un grand frère exemplaire au moins le temps d'une journée.
Et un grand frère exemplaire n'avait rien à faire dans un sex-shop.

Il n'avait qu'à appuyer sur cette fichue poignée et il serait dehors, à l'air libre. Il n'y avait que chez lui qu'il supportait d'être enfermé, ailleurs, l'air lui manquait, les odeurs étrangères le révulsaient, les lieux inconnus et aussi étroits le mettaient mal à l'aise. Et puis il n'avait rien à faire ici. Il n'y avait qu'à espérer qu'Aacaeleb ne revienne pas sur cette rencontre importune lorsqu'il reviendrait à l'appartement. Personne ne dirait rien, et lui oublierait que l'autre achetait des poupées gonflables. Même lui n'était pas désespéré à ce point, c'était dire.
Presse cette sale poignée et tu seras libre.


- ¿ ... Podrías... Podría anticiparme el dinero...? Lo suplico...

Il ne savait pas pourquoi mais, outre son message plus que surprenant, cette phrase lui paraissait étrange. Il lui fallu plusieurs secondes pour comprendre qu'Aacaeleb s'était adressé à lui en espagnol. En espagnol. Il se retourna mécaniquement, battant des paupières sous l'effet de la surprise. Son esprit avait réintégré son corps un peu trop brutalement. Il parlait espagnol, lui ? Mais pourtant il avait l'air...? Mais d'où pouvait-il bien sortir...? Sa bouche entrouverte ne devait pas lui donner l'air particulièrement vif, pensa-t-il soudain, et il s'empressa de la refermer en même que la fenêtre sur ses états d'esprit et son impassibilité glacée reprit la place qu'elle occupait désormais quotidiennement sur son visage. passée la surprise de la forme, il y avait le fond. Il lui avait bien demandé de lui avancer de l'argent pour se payer...des poupées gonflables ? Il devait avoir fait une erreur. Pas lui hein, Aacaeleb, il devait s'être trompé en s'exprimant dans une langue qui lui était étrangère. Quoi qu'il n'en savait rien finalement, il ne savait rien de lui. Mais il était impossible que lui se soit trompé, même si c'est ce qu'il souhaitait de tout son coeur. Vu les circonstances, il n'y avait pas lieu de douter pourtant, il voulait bel et bien qu'il aligne les billets pour acheter des poupées, toutes sur le même modèle de surcroît. Quel intérêt ? Pourquoi autant ? Pourquoi toutes pareilles et pourquoi toutes en même temps ? Il n'y comprenait rien, mais une chose était sûre, il était hors de question qu'il fasse...ce genre de chose. De quoi aurait-il l'air ? Qu'est ce qu'il lui demanderait ensuite ? De l'aider à les porter jusqu'à chez lui ? Il préférait encore se jeter sous les roues d'une voiture. Mourir ne le tentait pas plus que ça, qui plus est à cause d'un individu de ce genre, mais quelques temps à l'hôpital lui offriraient le répit qu'il cherchait désespérément depuis que ledit individu s'est incrusté dans sa vie comme une grosse sangsue.
Il releva dédaigneusement le menton et lui adressa son regard le plus méprisant. Lentement, comme si il savourait tous les sons qu'il formulait comme autant de bonbons acidulés, il articula la seule réponse possible en la circonstance.


_ Pour qui m'avez-vous pris exactement ?

Il serrait les mâchoires, le défiant de ses yeux sombres, ses yeux banals dont des millions de paires identiques clignaient dans cette ville même mais qui étaient les siens. Non, tout le monde n'avait pas un regard de héros de manga à faire fondre les lycéennes imbibées de dramas et les femmes au foyer quinquagénaires en mal d'exotisme, mais il n'y avait pas besoin d'avoir des yeux hors du commun pour ce qu'ils reflétaient. C'était peut-être même mieux ainsi, il n'était pas quelqu'un de particulier, il était quelqu'un de quelconque qui s'adressait à un original qui se croyait tout permis. Et ce serait pareil pour tout le monde, personne n'aiderait une personne comme lui dans ce genre de situation simplement parce qu'il le demandait. Il n'avait même pas eu le courage de le demander en japonais. Que voulait-il ? Cacher à la vendeuse qu'il n'avait pas les moyens de payer ? Qu'il prenne ses responsabilités.

_ Je n'ai strictement rien à faire de vous et des saloperies que vous pouvez bien acheter ici. Si vous n'avez pas les moyens de payer vos immondices, ayez au moins le courage de le dire au lieu de vous cacher derrière une autre langue. Que ferez après ? Regarder des pornos en russe ? M'insulter en grec ? Le mieux que vous puissiez faire est d'abandonner l'une de ses poupées, vous n'en aurez pas besoin d'autant avec ce que vous avez dans le slip.

Sur quoi il ouvrit la porte de la boutique et la volée et sortit d'un pas qu'il essaya calme et mesuré. Se barrer en courant aurait été du plus mauvais effet. Dès qu'il fut certain d'être hors de vue d'Aacaeleb, il se mit à courir jusqu'à retrouver la sécurité des allées fréquentées dont il médisait des passant moins d'un quart d'heure auparavant. Appuyé sur ses genoux, il reprit son souffle, hors d'haleine et son pauvre coeur battant dans sa poitrine comme un oiseau blessé affolé. La course ? Non, plutôt le fait qu'il venait d'abandonner son colocataire dans une situation plus qu'embarrassante pour pouvoir s'enfuir en sauvant les apparences. Il hésitait entre s'auto-féliciter de cette habile manoeure ou avoir de ce qui s'apparentait un peu une trahison en fin de compte. Ils vivaient ensemble, ils s'étaient retrouvés visiblement aussi gênés l'un que l'autre dans cet endroit et il n'avait fait que l'enfoncer davantage. Mais après tout, il n'était pas si blanc que ça, il faut voir ce qu'il achetait...Oui, en fin de comptes, c'était bien fait pour lui.
"Lo suplico..."
Merde.

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MessageSujet: Re: Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga]   Il a les yeux révolvairons ~ [Béluga] I_icon_minitimeDim 3 Fév - 14:46

Anges.
Qu'est-ce que tu espérais?

Bien sûr qu'il a bien réagi. Bien entendu, tout était logique. Prévisible. C'était pourtant évident. La bonté humaine. Le sens du sacrifice. Donner plutôt que recevoir. Tandis que l'honneur, la dignité, la bienséance et l'image se battent en un tournoi sanglant. Qu'espérer. Nature brutale et sophistiquée. La honte et l'obéissance, deux facteurs de fuite. Laissez-moi. Laissez-moi faire. Laissez-moi voir. Laissez-moi croire. Qu'un instant, un seul instant, il sache retrouver son instinct d'homme pieu, d'homme généreux. D'homme, cela se passe d'adjectifs. D'homme, envers et contre tout. D'homme, celui qui crée et qui change. Travaille tes appuis, respire. Plus rien ne t'atteint, tu es loin. Loin. Et l'on dit de cela qu'il s'agit de noblesse. D'art. Qu'à cela ne tienne, l'art n'est plus bon qu'à rester fixe, les yeux rivés vers l'être pitoyable qui l'appelle à l'aide.
C'est sûr. Le superbe, le vertueux et la grâce n'ont pas à côtoyer le monde duquel ils viennent. Surtout pas. Certainement pas.
Fuir. C'est encore le mieux à faire.
Fuir, et abandonner celui qui appelle à l'aide.
Il aurait du le savoir, pourtant. Appeler à l'aide ne résout rien. Avec l'élaboré, il faut du spectacle. La prochaine fois, il criera au feu. Quelque élaboré débarquera sans doute à ce moment-là.

- Elles sont très réalistes. Un peu trop à mon goût.

Tentative vaine de lui faire lever les yeux. La main gracile effleure son épaule, un sursaut la dissuade de poursuivre. Ses yeux prostrés ne lui font pas face. Il a pris une posture de repli, les avant-bras posés sur le comptoir, le bas du visage contre ses clavicules. Il n'est visiblement pas en état de parler, perdu dans ses pensées. Il attend. Il ne fixe rien, comme absent. Se laisse porter par sa seule présence, tandis qu'elle place les douze copies dans des sacs noirs.
Il imagine qu'elle a du comprendre, qu'elle n'est pas idiote. Pour parler avec autant d'assurance, elle sait de quoi elle parle. Il pensait mentir mieux que cela. Il pensait cacher les choses avec un peu plus d'aisance. Rocio ne se doutait de rien. Il le voyait, comme au premier jour, comme un allié de la mafia. C'était tant mieux. Il ne posait aucune question. Et quand bien même il en aurait, il était bien trop fier pour parler avec ce rebuts et trop vaniteux pour que l'idée de poser une question au sujet d'autrui lui traverse l'esprit.

- Je n'en recommanderai plus, si cela peut vous rassurer. C'est moi qui m'occupe des stocks, je n'aurai qu'à dire à mon patron qu'elles présentaient des défauts de fabrication et qu'elles ne valaient rien. On en a pas l'air, mais on s'assure de la sécurité et de la satisfaction de nos clients vis-à-vis de nos produits. Si quelque chose ne va pas, on ne cherche pas à comprendre, on l'enlève!

Un sourire franc, qui se veut rassurant. Ses yeux l'aperçoivent. Pas encore assez confiant pour la dévisager, il se contente de l'épier. Dans cette position, elle est plus grande que lui. De pas beaucoup. Légèrement plus grande. C'est étrange. Plaisant.
Ça fait un bien fou.

- Ne vous inquiétez pas pour ça, ni pour ce qui est de la note. La différence est pour moi.

Un présent. Un présent à son égard. Le vairon qui la fixe. Son sourire, toujours aussi chaleureux. Amoureux. Comme si on pouvait la lui faire. Elle le dévisageait, elle le dévorait des yeux, à croire qu'elle allait le dévorer. Elle n'avait pas l'air méchante. Pas du tout. Il refuserait ses avances. Il s'interdisait cet amour. Il s'interdisait la pureté, la normalité, la banalité, ce qui fait de l'amour l'amour. Il la regretterait. Il la pleurerait sans doute. Il se dirait qu'elle aurait souffert, avec lui. Et personne ne doit souffrir, surtout pas à cause de lui. Encore moins pour lui.
Il se redressa, prêt à partir. Lui rendit son sourire brièvement, apprêta à faire volte face pour fuir ses yeux charbons.

- Monsieur! Permettez, je vous prie.

Glisse quelque chose à côté du sac dans lequel patientaient douze jeunes filles en plastique. Il y en avait beaucoup, dans les boîtes japonaises. La taille moyenne, bien trop petits pour lui.

- Pour votre ami, bien que je doute qu'il en ait besoin de vingt-quatre, il ne me reste que cela. J'imagine qu'il s'agissait bien de ceci, qu'il était venu chercher? Quand bien même, je vous l'offre. J'espère qu'il s'agit de la bonne taille, je ne peux évidemment pas vous les échanger...

Un rictus franc. Rare. Il la regarda, visiblement heureux. Ne disposant à son égard que d'un simple murmure, bref et concis.

- Merci beaucoup.

S'empare de son dû et fait volte face. L'entend, derrière lui, lui souffler un au revoir désespéré. Un bonne journée plein d'espoir. Elle était très gentille.



À son tour, à présent.

Peu importe où il était. Peu importe jusqu'où il pouvait fuir. Il le retrouverait. Il le trouverait. Il était sans doute rentrer, parce qu'il n'avait nulle part où aller. Il n'avait pas de famille chez qui se réfugier. Pas d'amis chez qui se terrer. Rocio était quelqu'un de désespérément seul. Grincheux, peu aimable, casanier, cloîtré chez lui, qui cherchait à fuir sa vie banale, morne et monotone dans ses traductions. Il le savait, parce qu'il corrigeait les traductions boiteuses qu'il pouvait écrire lorsqu'il avait le dos tourné. C'était plus fort que lui. Il fallait aussi se rendre compte du temps que lui prenait son travail. Que les japonais aiment se rendre malades était un fait. Qu'à cela ne tienne, ils vivaient ensemble. Et si Rocio pouvait se révéler adorable par moment, il était hors de question de rester dans les parages lorsqu'il avait le nez dans l'espagnol. Il était alors contraint de quitter l'appartement pour le laisser tranquille. Mais le tout, c'était de lui permettre de travailler; et lorsqu'il rentrait en fin de journée et qu'il voyait l'avancée du labeur, soit d'une vingtaine de lignes environ, il y avait, véritablement, un problème.
Il passait sa vie chez lui, il était normal qu'il y retourne. Sa famille était bien trop lointaine pour espérer se rendre à ses côtés, il était forcément chez lui. Forcément rentré. Evidemment. C'était ça. Forcément ça.

Il y avait un monde abominable. Ça grouillait comme des fourmis à l'entrée de la fourmilière. Atroce. La foule s'écartait lorsqu'elle le voyait arriver, et rares étaient ceux à le manquer. Parce qu'on ne pouvait foncièrement pas passer à côté de lui sans le remarquer. Bien trop grand, seulement, pour cela. Il regardait de toutes parts, faisant en sorte de ne rater aucun passage clouté, aucun trottoir, aucune terrasse. Ne pas le rater. Le retrouver, à tous prix. Il était un chasseur. Il était un sauvage, comme il se plaisait à le reconnaître. L'instinct de traqueur de la toundra lui était bien utile. Se cacher, se faire discret, jusqu'à être oublié. Attendre le moment opportun. Et étrangler la proie à mains nues.
Rocio était la proie. Il l'étranglerait à mains nues, si cela n'était pas illégal.

Et qui se profilait, à la terrasse d'un café?
Qui ça, voyez-vous?
Il était face à la rue dans laquelle le chasseur s'était engouffré. À sa droite, une ruelle. Aucune idée d'où elle débouchait, mais il ne devait pas s'agir d'une impasse. Pas à cet endroit. Pitié non. L'instinct lui soufflait la négative, c'était parfait. Il s'y engage. Quelques passants mollassons, qu'il écarte doucement mais fermement. Et un, qu'il ne voit pas. Trop petit, un japonais lambda. Sur lequel il ne se retourne pas. Auprès duquel il ne s'excuse pas. Et cela, le petit être le prend visiblement très mal.

- T'excuses pas, étranger.

Ton irrité, communicatif de surcroît. Le mulâtre se retourne, baisse franchement la tête. Regard noir.

- C'est si gentiment demandé.

Et il repart. Sort. Atterrit derrière la cible, peu concernée par la tasse qui se trouve devant ses yeux. Il n'est pas parvenu à rentrer, finalement. Sans doute pas à cause de ses remords. Il n'en avait aucun.
Le pas assuré, les passants s'écartent d'eux même et le dévisagent. Ça ne change pas de l'habitude qu'il a pris depuis qu'il s'est installé ici. Tout le monde l'a toujours regardé. Des cheveux blancs pour un visage jeune. Des yeux vairons, qui culminent à deux mètres huit du plancher. On l'a toujours regardé. Qu'il agisse ou non, qu'il se terre ou pas. On le regardera toujours. Rocio, lui, ne sait pas ce que c'est, que d'être épié constamment. Il allait en avoir un avant-goût pour le moins acide.
Le sac noir s'écrase sur la table, juste sous ses yeux. Il n'a pas le temps de relever la tête vers l'odieux personnage qui trouble sa méditation que ce dernier l'empoigne par le col et le soulève de sa chaise avec une facilité troublante. Son visage à sa hauteur, et les ingrats qui lui ressemblent prenant peur, fuyant. Qu'il ne compte sur personne pour le tirer de ce mauvais pas. L'oreille proche de ses lèvres, qui articulent un petit quelque chose d'un cru bien particulier. La rancoeur.

- Vous l'ignoriez, je le sais. Mais votre attitude ne fut guère morale, si je puis me permettre la réflexion en la comparant à la pensée chrétienne. Ah, comment je le sais? Votre médaillon, Rocio. La gravure de la Virgén Maria. De l'or, si je ne m'abuse?

La sueur de la colère. La douleur de l'acerbe. L'atroce venin de la haine qu'il se plait à déverser sur lui. Abondamment. Anti-morale à son tour. La haine pousse à la haine, à ce qu'il paraît. Il n'était pas assez calme pour y réfléchir. Un trop plein qu'il fallait expulser. Il était parfait pour cela. Tant pis pour lui. Vraiment. Tant pis pour lui.
Le souffle plus rauque. Le murmure se fait plus grave, le ton accusateur. Le sourire nerveux qu'il affichait se brise. Ses mots, à la portée du lobe de son oreille douce.

- Vous savez ce qui me rend fou? C'est de vous savoir aussi peu concerné par ce qui vous entoure. Vous vivez dans un environnement où le commerce d'êtres vivants conscients est en plein essor. Et vous refusez votre aide. Vous arrivez encore à vous dire que l'on s'en sortira sans vous. Qu'à cela ne tienne.

La poigne qui se crispe davantage. Il étouffe. Il faut faire vite.

- Dites-moi, combien vaut un être humain, selon vous? Donnez-moi un chiffre, il n'y a pas de mauvaise réponse. Je n'entends rien. Vous n'avez rien à dire? Soit. Calculez le prix de votre famille, Rocio. Combien vaut-elle? Et dites-moi, maintenant, combien vaut la prunelle de vos yeux? Combien vaut-elle, mmh? Combien vaut-elle? Combien vaut Linio?!

Ses semelles à nouveau en contact avec le sol, s'effondre sur la chaise. Le souffle court, épuisé. Ils sont pareils. Aussi cruels. Aussi mauvais. L'un que l'autre. Pareils.
Il reprend sa course et lui tourne le dos. Commence à s'éloigner, paisiblement. Un peu chancelant. Avant de revenir sur ses pas en fouillant parmi le contenu de son sac. En tire une petite boîte bleue, qu'il pose sur la table.

- J'allais oublier. Vous n'aurez pas perdu toute votre journée, finalement.

Un dernier regard en direction de la tasse, puis de la boîte. Quelque chose qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à lors. Un petit papier, accroché par un morceau de scotch. Des numéros alignés. Comme quoi, l'adieu de la demoiselle n'en était pas vraiment un.
Il décroche son dernier présent après avoir conclu que Rocio avait bien eu le temps de le contempler.

- Vous avez raison. Je n'ai vraiment pas besoin de tout ça avec ce que j'ai dans le pantalon. Je vous en garderai peut-être une, dans ce cas.

Et puis il s'en va.
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